séminaire oral n°15 du 11 Juin 1974
Voilà. J'ai dû faire quelques efforts pour que cette salle ne, n'ait pas été aujourd'hui occupée par, par des gens en train de passer des examens et je dois dire qu'on a eu la bonté de, de me la laisser. Il est évident que c'est plus qu'aimable de la part de l'Université de Paris I d'avoir fait cet effort puisque, les cours étant finis cette année - ce que bien sûr moi j'ignore - cette salle aurait dû être à la disposition d'une autre partie de l'administration qui, elle, s'occupe de vous canaliser. Voilà.
Alors tout de même, comme ça ne peut pas se renouveler, passé une certaine limite, ça sera aujourd'hui la dernière fois de cette année que je vous parle. Ça me force naturellement un peu à tourner court, mais ce n'est pas pour me retenir puisqu'en somme il faut bien toujours finir par tourner court. Moi je ne sais pas d'ailleurs très bien comment je suis niché là-dedans, parce qu'enfin l'Université, si c'est ce que je vous explique, c'est peut-être elle la femme. Mais c'est la femme préhistorique, c'est celle dont vous voyez qu'elle est faite de replis. Évidemment, moi c'est dans un de ces plis qu'elle m'héberge. Elle ne se rend pas compte - quand on a beaucoup de plis, on ne sent pas grand-chose - sans ça, qui sait, elle me trouverait peut-être encombrant. Bon.
Alors, d'autre part, d'autre part, je vous le donne en mille, vous n'imaginerez jamais à quoi j'ai perdu mon temps, perdu, enfin, oui perdu, à quoi j'ai perdu mon temps en partie depuis que je vous ai vus réunis là ; je vous le donne en mille : j'ai été à Milan à un congrès de sémiotique. Ça c'est extraordinaire. C'est extraordinaire et bien sûr, ça m'a laissé, ça m'a laissé un peu pantois. Ça m'a laissé un peu pantois en ce sens que c'est très difficile dans une perspective justement universitaire d'aborder la sémiotique. Mais enfin, ce manque même que j'y ai, si je puis dire, réalisé, m'a rejeté, si je puis dire, sur moi-même, je veux dire m'a fait m'apercevoir que c'est très difficile d'aborder la sémiotique, moi bien sûr, je n'ai pas mouffeté parce que j'étais invité, comme ici, très gentiment, et je ne vois pas pourquoi j'aurais, enfin, dérangé ce Congrès en disant que, que le sème, enfin, ça ne peut s'aborder comme ça tout cru à partir d'une certaine idée du savoir, une certaine idée du savoir qui n'est pas très bien située, en somme dans l'université. Mais j'y ai réfléchi et y a à ça des raisons qui sont peut-être dues justement au fait que le savoir de la femme puisque c'est comme ça que j'ai situé l'Université, le savoir de la femme, c'est peut-être pas tout à fait la même chose que le savoir dont nous nous occupons ici.
De ça, il faut tout de même que je reparte, de ce qui m'a été également présentifié, présentifié dans c't'intervalle, c'est à savoir qu'il y a de drôles de gens enfin, des gens qui continuent dans une certaine Société dite Internationale, qui continuent à opérer comme si tout ça allait de soi. C'est à savoir que ça pouvait se situer, se situer dans un monde, dans un monde comme ça qui serait fait de corps, de corps qu'on appelle vivants - et bien sûr y a pas de raison qu'on les appelle pas comme ça, n'est-ce pas - qui sont plongés dans un milieu, un milieu qu'on appelle "monde" et tout ça, en effet, pourquoi le rejeter d'un coup ?
Néanmoins
ce qui ressort d'une pratique, d'une pratique qui se fonde sur l'ek-sistence
de l'inconscient, doit tout de même nous permettre de décoller
de cette vision élémentaire qui est celle, je ne dirais pas
du moi, encore qu'il s'en encombre et que j'aie lu des choses directement
extraites d'un certain congrès qui s'est tenu à Madrid où
par exemple, on s'aperçoit que Freud lui-même, je dois dire,
a dit des choses aussi énormes, aussi énormes que ça
que je vais vous avancer : que c'est du moi, le moi, c'est autre chose
que l'inconscient, évidemment, ce n'est pas souligné que
c'est autre chose, y a un moment où Freud a refait toute sa Topique
n'est-ce pas, comme on dit : y a la fameuse seconde Topique qui est une
écriture, simplement, qui n'est pas autre chose que quelque chose
en forme d'oeuf, forme d'oeuf qui est tout à fait d'autant plus
frappante à voir, cette forme d'oeuf, que ce qu'on y situe comme
le moi vient à la place où sur un oeuf, ou plus exactement
sur son jaune, sur ce qu'on appelle le vitellus, est la place du point
embryonnaire. C'est évidemment curieux, c'est évidemment
très curieux et ça rapproche la fonction du moi de celle
où, en somme, va se développer un corps, un corps dont c'est
seulement le développement de la biologie qui nous permet de situer
dans les premières modulations, gastrulations, etc., la façon
dont il se forme.
Mais comme ce corps
- et c'est en ça que ça consiste, cette seconde Topique de
Freud - comme ce corps est situé d'une relation au ça, au
ça qui est une idée extraordinairement confuse, comme Freud
l'articule, c'est un lieu, un lieu de silence, c'est ce qu'il en dit de
principal. Mais à l'articuler ainsi, il ne fait que signifier que
ce qui est supposé être ça, c'est l'inconscient quand
il se tait. Ce silence, c'est un taire. Et ce n'est pas là
rien, c'est certainement un effort, un effort dans le sens, dans un sens
peut-être, un peu régressif par rapport à sa première
découverte, dans le sens disons de marquer la place de l'Inconscient.
Ce ne dit pas pour autant ce qu'il est, cet inconscient, en d'autres termes,
à quoi il sert. Là, il se tait : il est la place du silence.
II reste hors de doute que c'est compliquer le corps, le corps en tant
que dans ce schème, c'est le moi, le moi qui se trouve, dans cette
écriture en forme d'oeuf, le moi qui se trouve le représenter.
Le moi est-il
le corps ? Ce qui rend difficile de le réduire au fonctionnement
du corps, c'est justement ceci que dans ce schème, il est censé
ne se développer que sur le fondement de ce savoir, de ce savoir
en tant qu'il se tait, et d'y prendre ce qu'il faut bien appeler sa nourriture.
Je vous le répète : c'est difficile d'être entièrement
satisfait de cette seconde Topique parce que ce qui se passe, à
quoi nous avons affaire dans la pratique analytique, c'est quelque chose
qui semble bien se présenter d'une façon toute différente,
c'est à savoir que cet inconscient, par rapport à ce qui
couplerait si bien le moi au monde, le corps à ce qui l'entoure,
ce qui l'ordonnerait sous cette sorte de rapport qu'on s'obstine à
vouloir considérer comme naturel, c'est que par rapport à
lui, cet inconscient se présente comme essentiellement différent
de cette harmonie. Disons le mot : dysharmonique. Je le lâche tout
de suite et pourquoi pas ? Il faut y mettre l'accent. Le rapport au monde
est certainement, si nous donnons son sens, ce sens effectif qu'il a dans
la pratique, est quelque chose dont on ne peut pas ne pas tout de suite
ressentir que, par rapport à cette vision toute simple en quelque
sorte de l'échange avec l'environnement, cet inconscient est parasitaire.
C'est un parasite dont il semble qu'une certaine espèce, entre autres,
s'accommode fort bien, mais ce n'est que dans la mesure où elle
n'en ressent pas les effets qu'il faut bien dire énoncer pour ce
qu'ils sont : c'est-à-dire pathogènes. Je veux dire que cet
heureux rapport, ce rapport prétendu harmonique entre ce qui vit
et ce qui l'entoure, est perturbé par l'insistance de ce savoir,
de ce savoir sans doute hérité - ce n'est pas un hasard qu'il
soit là - et cet être parlant, pour l'appeler comme ça,
comme je l'appelle - cet être parlant l'habite mais il ne l'habite
pas sans toutes sortes d'inconvénients. Alors s'il est difficile
de ne pas faire de la vie la caractéristique du corps, parce que
c'est à peu près tout ce que nous pouvons en dire, en tant
que corps, il est là et il a bien l'air de se défendre, de
se défendre contre quoi ? contre ce quelque chose auquel il est
difficile de ne pas l'identifier, c'est-à-dire de ce qu'il en reste,
de ce corps, quand il n'a plus la vie. C'est à cause de ça
qu'en anglais on appelle le cadavre corpse, autrement quand il vit,
on l'appelle body. Mais que ce soit le même, ça a l'air
satisfaisant comme ça, matériellement. Enfin, on voit bien
que ce qu'il en reste, c'est le déchet, et s'il faut en conclure
que la vie, comme disait Bichat, c'est l'ensemble des forces qui résistent
à la mort, c'est un schéma, c'est un schéma malgré
tout, c'est un schéma un peu grossier. Ça ne dit pas du tout
comment ça se soutient, la vie. Et à la vérité,
à la vérité, il a fallu en arriver fort tard, fort
tard dans la biologie, pour qu'on ait l'idée que la vie, c'est autre
chose - c'est tout ce que nous pouvons en dire - c'est autre chose que
l'ensemble des forces qui s'opposent à la résolution du corps
en cadavre. Je dirais même plus : tout ce qu'il peut y avoir qui
nous laisse espérer un peu autre chose, à savoir de ce que
c'est que la vie, nous porte tout de même vers une toute autre conception
: celle dont j'ai cette année essayé de placer quelque chose
en vous parlant d'un biologiste, d'un biologiste éminent, de Jacob
dans sa collaboration avec Wollman, et de ce qui d'ailleurs bien au-delà
se trouve être ce que nous pouvons articuler du développement
de la vie, et nommément ceci auquel les biologistes arrivent, que
grâce au fait qu'ils peuvent y regarder d'un peu plus près
qu'on ne l'a fait depuis toujours, que la vie se supporte de quelque chose
dont je ne vais pas, quant à moi, franchir le pas et dire que ça
ressemble à un langage et parler des messages qui seraient inscrits
dans les premières molécules et qui pourraient faire des
effets évidemment singuliers, des effets qui se manifestent dans
la façon dont s'organisent toutes sortes de choses qui vont aux
purines, ou à toutes sortes de constructions chimiquement repérées
et repérables. Mais enfin, il y a certainement un désaxement
profond qui se produit et qui se produit d'une façon dont il est
pour le moins curieux que ça vienne à remarquer que tout
part de quelque chose d'articulé, jusque et y compris une ponctuation.
Je ne veux pas
m'étendre là-dessus, je ne veux pas m'étendre là-dessus,
mais après tout, c'est bien parce que je n'assimile nullement cette
sorte de signalétique dont se sert la biologie, je ne l'assimile
nullement à ce qu'il en est du langage, contrairement à la
sorte de jubilation qui semble avoir saisi à ce propos le linguiste
qui se rencontre avec le biologiste, lui serre la main et lui dit nous
sommes dans le même bain. Je crois que des concepts, par exemple,
comme celui de stabilité structurelle peuvent, si je puis dire,
donner une autre forme de présence au corps. Car enfin, ce qui est
essentiel, ce n'est pas seulement comment la vie s'arrange avec soi-même
pour qu'il se produise des choses qui sont capables d'être vivantes,
c'est que tout de même, le corps a une forme, une organisation, une
morphogenèse, et que c'est une autre façon aussi de voir
les choses, à savoir qu'un corps, ça se reproduit.
[début enregistrement sonore]
[...] le sème, ce n'est pas compliqué, c'est ce qui fait sens. Tout ce qui fait sens dans "Ialangue" s'avère, s'avère lié à l'ek-sistence de cette langue, à savoir que c'est en dehors de l'affaire de la vie du corps et que s'il y a quelque chose que j'ai essayé de développer cette année devant vous - que j'espère avoir rendu présent, mais qui sait ? - c'est que c'est pour autant que cette jouissance phallique, que cette jouissance sémiotique se surajoute au corps, là on m'entend, se surajoute au corps, qu'il y a un problème.
Lalangue a le même parasitisme que la jouissance phallique par rapport à toutes les autres jouissances. Et c'est elle qui détermine comme parasitaire dans le Réel ce qu'il en est du savoir inconscient. Il faut concevoir lalangue. Et pourquoi pas, pourquoi pas parler de ce que lalangue serait en rapport avec la jouissance phallique comme les branches à l'arbre. C'est pas pour rien, parce que quand même, j'ai ma petite idée... c'est pas pour rien que je vous ai fait remarquer que ce fameux arbre de départ, là, celui où on a cueilli la pomme, on pouvait se poser la question s'il jouit lui-même tout comme un autre être vivant. Si je vous ai avancé ça, c'est pas tout à fait sans raisons, bien sûr. Et alors, disons que lalangue, n'importe quel élément de lalangue, c'est, au regard de la jouissance phallique, un brin de jouissance. Et c'est en ça que ça étend ses racines si loin dans le corps.
Bon, alors ce dont il faut partir, vous voyez, ça traîne, il est tard, bon, c'est cette forte affirmation que l'inconscient n'est pas une connaissance : c'est un savoir et un savoir en tant que je le définis de la connexion de signifiants. Premier point.
Deuxième point : c'est un savoir dysharmonique qui ne prête d'aucune façon à un mariage heureux, un mariage qui serait heureux. C'est impliqué dans la notion même de mariage, c'est ça qui est énorme, qui est fabuleux, enfin : qui est-ce qui connaît un mariage heureux ? Non, mais enfin... Passons.Néanmoins enfin le nom est fait pour exprimer le bonheur. Oui... le nom est fait pour exprimer le bonheur et c'est celui qui m'est venu pour vous dire ce qu'on pourrait imaginer, enfin n'est-ce pas... d'une bonne adaptation, comme on dit d'un emboîtement, enfin de quelque chose qui ferait que ce que je vous ai dit de la vie, de la vie du corps chez celui qui parle, n'est-ce pas, ça, ça pourrait se juger d'un juste, d'un noble échange entre ce corps et son milieu, comme on dit, son Welt à la noix. Oui.
D'abord, qu'est-ce que nous en savons ? Qu'est-ce qui est mort ? Le monde inanimé, que nous disons. Mais c'est parce qu'il en a une autre conception de l'âme que celle que je vous représentais maintenant, à savoir que l'âme, c'est ce qui..., c'est un crabe.
Alors, je vais vous dire même : au point où nous en sommes, c'est paradoxal, hein ! C'est paradoxal, je dis ça parce que j'ai lu comme ça un petit papier torchon qui s'est émis là dans le dernier congrès de la Société de Psychanalyse et qui témoignait de ceci qui est pour le moins paradoxal : c'est que pour ce que je suis en train de rejeter, à savoir qu'il y ait connaissance, qu'il y ait la moindre harmonie de ce qu'on situe de la jouissance, de la jouissance corporelle avec ce qui entoure, bon. Mais il n'y a qu'un endroit où ça puisse se produire, cette fameuse, cette fameuse connaissance, un endroit, à mon sens et vous ne le devinerez jamais : c'est dans l'analyse elle-même.
Dans l'analyse, on peut dire qu'il peut y avoir quelque chose qui ressemble à la connaissance. Et j'en trouve le témoignage dans ceci qu'à propos du papier, du papier torchon dont je vous parle où il s'agit du rêve, c'est absolument merveilleux enfin l'innocence avec laquelle ça s'avoue. Il y a une personne, et une personne dont je m'étonne pas du tout que ce soit cette personne-là, parce que quand même il a reçu une touche comme ça d'un petit coup de fion que je lui ai donné dans le temps, c'est que tout est centré autour de ceci qu'il voit se reproduire dans un de ses rêves une note, une note à proprement parler sémantique, à savoir que ça n'est que vraiment là comme noté, articulé, écrit, il voit se reproduire dans un de ses rêves une note sémantique du rêve d'un de ses patients. Il a bien raison de foutre connaissance dans son titre.Cette espèce de mise en covibration, en covibration sémiotique, n'est-ce pas, en fin de compte, c'est pas étonnant qu'on appelle ça, qu'on appelle ça pudiquement comme ça le transfert. Bon, n'est-ce pas...
Et on a bien raison aussi de ne l'appeler que comme ça. Ça, je suis pour.
C'est pas l'amour, mais c'est l'amour au sens ordinaire, c'est l'amour tel qu'on se l'imagine.L'amour, c'est évidemment autre chose. Mais pour ce qui est de l'idée, si je puis dire, qu'on se fait de l'amour, on ne fait pas mieux que dans cette sorte de connaissance analytique. Je ne suis pas sûr que ça mène loin, c'est bien aussi d'ailleurs pourquoi ça reste dans le marais, toute l'expérience analytique. Ce n'est pas de ça qu'il devrait s'agir. Il doit s'agir d'élaborer, de permettre à celui que j'appelle l'analysant d'élaborer, d'élaborer ce savoir, ce savoir inconscient qui est en lui comme un chancre, pas comme une profondeur, comme un chancre. Ça, c'est autre chose, bien sûr, c'est autre chose que la connaissance. Et il y faut une discipline évidemment un peu autre qu'une discipline philosophique. N'est-ce pas. Oui...
Il y a un machin de Cocteau parce que de temps en temps je ne vois pas pourquoi je cracherais sur les écrivains, ils sont plutôt moins cons que les autres, enfin, il y a un machin de Cocteau qui s'appelle Le Potomak où il a créé quelque chose dont je ne vais pas me mettre enfin à vous dire ce que c'est : les Eugène. Mais il y a aussi là-dedans les Mortimer. Les Mortimer n'ont qu'un seul coeur et c'est représenté dans un petit dessin où ils ont un rêve en commun.
C'est quelqu'un dans le genre de mon psychanalyste de tout à l'heure, là, de celui que je n'ai pas nommé : entre l'analysant et l'analyste c'est comme chez les Mortimer. C'est pas fréquent, c'est pas fréquent, même chez les gens qui s'aiment, qu'ils fassent le même rêve. Ca, c'est même très remarquable. C'est bien ce qui prouve la solitude de chacun avec ce qui sort de la jouissance phallique. Bien.
Alors quand même, il ne reste plus qu'un petit quart d'heure, alors je voudrais quand même faire quelques remarques, je voudrais quand même faire quelques remarques sur la portée, parce que ça a semblé frapper comme ça un copain qui est là au premier rang, je lui ai lâché ça comme ça au cours d'un dîner, je lui ai lâché ça au cours d'un dîner et j'ai eu la surprise de voir que ça le comblait de plaisir, alors je me suis rendu compte à quel point je m'explique mal (rires), parce que moi je vous avais écrit au tableau : é de x par non phi de x
ce qui veut dire : il faut qu'il y en ait un qui dise
non à la jouissance phallique grâce à quoi et seulement
grâce à quoi il y en a des tous... qui disent oui.
Et je vous ai mis en face ceci qu'il
y a, j'ai dû, j'ai dû... j'ai dû prêter à
confusion n'est-ce pas, qu'il y en a d'autres chez qui, chez qui il n'y
en a pas qui disent non. Seulement ça a pour curieuse conséquence
n'est-ce pas que chez ces autres enfin, y a pas de tout qui dise oui. Ça,
c'est l'inscription, n'est-ce pas, c'est la tentative d'inscription dans
une fonction mathématique de quelque chose qui use des quanteurs,
et il n'y a rien d'illégitime, je ne vais pas plaider ça
aujourd'hui parce que nous n'avons plus le temps, il n'y a rien d'illégitime
à cette quantification du sens. Bon.
Cette quantification relève
d'une identification. L'identification relève d'une unification.
Qu'est-ce que je vous ai écrit autrefois dans les formules des quatre
discours ? Un S1 qui vient se ficher, qui vient pointer dans un S2. Oui.
Qu'est-ce que c'est qu'un S1 ? C'est un signifiant, comme la lettre l'indique.
Le propre d'un signifiant, c'est un fait de langue auquel on ne peut rien,
c'est que tout signifiant peut se réduire à la portée
du signifiant Un.
Et c'est en tant que signifiant Un, je pense que vous
vous souvenez autrefois de mes petites parenthèses S1, S2 entre
parenthèses et il y avait des S1 qui se refoutaient devant, etc.,
pour exprimer l'affaire, l'affaire, l'affaire que je définis, l'affaire
que je définis pour faire que le signifiant ça soit ce qui
domine dans la constitution du sujet : un signifiant est ce qui représente
un sujet pour un autre signifiant.
Bon alors, alors, toute lettre x, quelle
qu'elle soit, ça veut dire cet Un comme indéterminé.
C'est ce qu'on appelle dans la fonction, dans la fonction au sens mathématique,
l'argument. C'est de là que je suis parti pour vous parler de l'identification.
Mais s'il y a une identification, une identification sexuée, et
si d'autre part je vous dis qu'il n'y a pas de rapport sexuel, qu'est-ce
que ça veut dire ? Ça veut dire qu'il n'y a d'identification
sexuée que d'un côté, c'est-à-dire que tous
ces épinglages dits fonctionnels de l'identification, ils sont à
mettre, et c'est en ça que le copain en question manifestait sa
vive satisfaction, c'est parce que je le lui ai dit comme ça appuyé,
au lieu qu'à vous, je vous ai laissés dans la mélasse,
c'est que toutes ces identifications sont du même côté
: ça veut dire qu'il n'y a qu'une femme qui est capable de les faire.
Pourquoi pas l'homme ? Parce que vous remarquez que je
dis bien sûr "une" femme et puis je dis : "l'homme". Parce que l'homme,
l'homme, l'homme tel que l'imagine
la femme, c'est-à-dire
celle qui n'existe pas, c'est-à-dire une imagination de vide, l'homme,
lui, il est tordu par son sexe. Au lieu qu'une femme peut faire une identification
sexuée. Elle a même que ça à faire puisqu'il
faut qu'elle en passe par la jouissance phallique qui est justement ce
qui lui manque.
Je vous dis ça parce que je pourrais le moucheter
d'un repérage de mes quatre petits épinglages, là
:
A de x, le A renversé bien sûr, je ne vais pas au tableau parce que vous n'allez plus entendre si j'écris au tableau, bon, A de x, phi de x : qu'est-ce que ça veut dire pour la femme, puisque vous avez pu croire qu'avec ça, ce que je désignais c'étaient tous les hommes ? Ouais.
Ça veut dire l'exigence que la femme montre, c'est patent : que l'homme soit tout à elle. Je commence par là parce que c'est le plus marrant. Il est dans la nature d'une femme d'être jalouse, dans la nature de son amour. Quand je pense qu'il va falloir que d'ici dix minutes, je vous explique aussi ce qu'est l'amour. C'est ennuyeux d'être bousculé à ce point-là. Bon.
Enfin, oui. Le, le "pas toutes" dont j'ai inscrit l'autre rapport au phi de x, oui, c'est par quoi ce même amour, l'amour dont il s'agit et que je mets là comme ça, généreusement tout entier du côté des femmes, il faut quand même y mettre, si je puis dire, une pédale, hein... je veux dire par là, que c'est "pas toute" qu'elle aime : il lui en reste un bout pour elle, de sa jouissance corporelle. C'est ça que ça veut dire, le A de x barré, le pas-toutisme :
Bon. Et puis après le é de x, l'existence, l'ex-sistence du x, lui que pour un rien, enfin pour un rien, pour un rien et puis parce que je l'ai dit ici en clair, n'est-ce pas, qui est celui où je situe Dieu...
Il faut être plus tempéré, je veux dire par là qu'il ne faut pas se monter le bourrichon avec cette histoire de Dieu, depuis le temps ça s'use et c'est pas tout de même parce qu'il y a du savoir dans le Réel que nous sommes forcés de l'identifier à Dieu, n'est-ce pas. Ouais. Je m'en vais vous en proposer, moi une autre interprétation :
le E de x, phi de x barré, c'est le lieu, c'est
le lieu de la jouissance de la femme qui est beaucoup plus lié au
dire qu'on ne l'imagine. II faut bien dire que sans la psychanalyse, il
est bien évident que je serais là-dedans comme un béjaune,
comme tout le monde. Le lien de la jouissance de la femme à
l'impudence du dire, c'est ce qui me parait important à souligner.
Je n'ai pas dit l'impudeur. L'impudence, c'est pas pareil, c'est pas pareil
du tout.
Et le é de x phi de x barrés tous les deux,
oui, c'est en quoi la femme n'existe pas, c'est-à-dire
ce en quoi sa jouissance ne saurait être fondée de sa propre
impudence :
Je vous livre ça comme ça, c'est, je dois convenir que c'est... je vous trouve patients. Ça, c'est des coups de massues que je vous colle sur le, sur l'zinzin. Mais enfin, comme je suis un tout petit peu bousculé, n'est-ce pas, je voudrais quand même conclure, conclure sur ce fait que l'inconscient comme savoir dysharmonique est plus étranger à une femme qu'à l'homme. C'est marrant que je vous dise un truc pareil. Et alors, et alors qu'est-ce qui va en résulter ? Qu'est-ce qui va en résulter c'est qu'il y a quand même le côté femme. C'est pas parce qu'il est plus étranger qu'il est pas étranger à l'homme aussi. II lui est plus étranger à elle parce que ça lui vient de l'homme, de l'homme dont j'ai parlé tout à l'heure, de l'homme dont elle rêve parce que si j'ai dit que l'homme existe et j'ai bien précisé que c'est dans la mesure où c'est lui qui par l'inconscient est le plus chancré, échancré, même. Mais une femme conserve, si je puis dire, un petit peu plus d'aération dans ses jouissances. Elle est moins échancrée, contrairement à l'apparence.
Et c'est là-dessus que je voudrais terminer. Je voudrais terminer sur ceci qui est extrait de Peirce : c'est qu'il s'est aperçu quand même que la logique, la logique aristotélicienne, c'est une logique purement prédicative et classificatoire. Alors il s'est mis à cogiter autour de l'idée de la relation, à savoir ce qui est parfaitement, ce qui va de soi, ce qui est du billard, du billard concernant non pas l'épinglage fonctionnel à un seul argument que je viens de vous donner pour être celui de l'identification, en en remettant la chose dans la poche de la femme, il s'est mis à cogiter autour de x R... grand R, signe d'une relation idéale vidée,
Coupure son. Texte proposé
par la version CB :
[...] il ne dit pas laquelle R...
et y :
x R y
1. coupure son (50'30). Fin de la phrase manquante. Texte version CB : il ne dit pas laquelle R... et y : x R y, une fonction à deux arguments.